Moment d'inspiration et de bonheur autant simple qu'intense
Des nuages : une nappe pas assez épaisse pour ce halo brillant qui attend que la lune vienne faire sa ronde habituelle dans ce qu'ils partagent, qui est le ciel. Je me rappelle d'un sourire que "le soleil de la nuit" est en ce moment-même occupé à bercer les rêves de mon amoureux. Il est mon manque, comme un retour à la ligne de trop dans un roman à exemplaire pourtant définitif, mais il me suffit de fermer les yeux pour que ses doigts se promènent délicatement sur ma peau. La brise légère habille mon corps et enveloppe toutes les premières fois de cette première semaine au pays de l'érable et du castor. Elle n'arrive pas à emporter avec elle, la brise, ces souvenirs encore tellement frais que je revois sans cesse dans les moments de silence. Je voudrais que rien ne s'efface et même - naïvement, certes - les dissimuler parmi cet infini de minuscules pierres pour revenir les vivre un jour et les retrouver avec la même euphorie qu'on le fait avec un trésor. Par un rayon presque retardataire audacieux, mon âme s'illumine et, amenant à mes lèvres l'emballage froid compact qui patiente lassement à mes côtés puis sentant couler dans ma gorge ce liquide encore peu familier mais rafraîchissant, je suis là. Ma bière au "froid certifié" est presque vide et je trouve qu'elle et moi formons une antithèse ; je suis emplie, oui. À cet instant, tout cet ensemble formé de ce sable, cette eau, ce jour baissant, ces nouvelles rencontres, ces retrouvailles, cette table de pique-nique improvisée est un toujours : une sorte d'infini plus court que Pi. J'espère que les rires quelque peu avinés, comblés et sincères continueront de résonner. C'est le cas pour ici et pour maintenant.
Et après ?
"Anaïs, viens-tu manger ?"